samedi 13 septembre 2008

Hairspray, Adam Shankman, 2007

_L'année 1988 voyait un cinéaste de talent atteindre le sommet de son art: John Waters, avec son film Hairspray, le plus sage mais aussi le plus réfléchi de sa filmographie. 19 ans après très exactement débarque le remake de ce film culte, cette fois-ci réalisé par Adam Shankman, metteur en scène et chorégraphe hollywoodien. Sa mission: redonner une seconde vie à un film qui n'en a pas besoin, en faire une comédie musicale qui se tienne et rapporter suffisamment d'argent pour ne pas tomber dans les oubliettes des cinéastes de commandes. C'est pas gagné.

_Le synopsis n'a pas changé: on suit une nouvelle fois la success story de Tracy Turnblad, adolescente rondelette, qui intègre par hasard son show télé favoris, et qui se retouve confronté à l'ostracisme dont sont victime certains intervenants noirs de la chaîne ainsi qu'à la jalousie épidermique qu'elle déclenche chez Amber, la jeune première pistonnée. Si la base est similaire, ce remake prendra cependant rapidement des libertés dans sa narration, inversant certains événements et réduisant quelques scènes marquantes à de simple références (ce qui dénote malgré tout une certaine intelligence dans la plume de Leslie Dixon, la scénariste). Si cela fait parfois des étincelles, dans d'autres cas, ces modifications appauvrissent tristement le récit. Et c'est bien là que se situe le problème de ce remake: dans la gestion catastrophique de son fabuleux potentiel.

_A ce titre, on remarquera que le film est inégal, comme scindé en deux, la première partie faisant preuve d'une vivacité d'esprit et d'un humour franc très agréable, alors que la seconde, qui démarre dès que le scénario s'attaque au problème de l'intégration, fait preuve d'un caractère bien-pensant insupportable. Il faut aussi dire que le sujet ne se prête pas à une réactualisation, n'étant plus franchement d'actualité. Il aurait sûrement été plus judicieux de poser le problème dans un autres sens, peut être en se concentrant plus sur les dérives de la télévision que sur celle d'une époque qui n'est plus du tout la notre, et dont on ne ressens même plus les échos.

_Si Hairspray évite de peut le triste sort réservé au pathétique Rent, proclamé démodé à peine sortit de post-production, c'est bien grâce au soin apporté à la mise en scène, à la musique, parfaitement adaptée au format comédie musicale, ainsi qu'au casting, suffisamment hétéroclite et exigeant pour ne pas ressembler à une pathétique brochette de star has-been et d'acteurs badass. Mais malgré ces quelques points, le bilan est bien maigre: on retiendra tout juste la verve qui caractérise le début du film, et l'interprétation magistrale de Michelle Pfeiffer qui donne un nouveau souffle à sa carrière. Le reste s'oubliera bien vite, trop vite.

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